Nouvelle journée sur l’océan et toujours aucun pingouin en vue. Bon d’un autre côté c’est normal ! Je suis de plus en plus impatiente de les voir, de voir la terre et surtout de courir… J’ai du mal à imaginer ce que devait être ces voyages d’une durée infinie pour moi qui n’arrive pas à tenir en place plus de 2 jours. Ce matin, debout aux aurores je décide d’aller m’entraîner avant tout le monde. Je confirme qu’à 6h du matin nous n’étions pas en train de nous battre pour le tapis de course. J’ai donc pu courir 1h en toute tranquillité et même faire 30 min de vélo avant de voir apparaître quelqu’un assez surpris de me voir déjà ici. Musique à fond qui me donnerait presque envie d’organiser une super soirée top tendance dans le gymnasium du Ioffe… ça en jette plus que les après midi dansant de chez Colette non ?
Petit déjeuner plus raisonnable pour une fois et matinée consacrée au visionnage d’un DVD passionnant sur le problème de la mise en danger des oiseaux avec les techniques de pêche intensive et une conférence plutôt rigolote sur la naissance de ce fameux marathon. Entre les 2 je suis montée sur le pont pour tenter de prendre des photos des albatros qui tournent autour du bateau mais il faut se rendre à l’évidence : photographe animalier ça ne s’invente pas c’est un vrai métier…
Lors de la conférence sur l’histoire du marathon de l’Antarctique nous avons appris pleins de petites histoires. Il faut dire qu’organiser ce type de course n’a pas l’air d’être de tout repos. Il faut négocier chaque année le droit de fouler le territoire international et qui dit international dit pleins d’autorisations différentes. Il y a eu cette fameuse édition qui s’est fini sur le bateau, une autre édition mémorable pour les coureurs puisque après un aller tout ce qu’il y a de plus tranquille, ils ont été pris dans une tempête qui a entraîné un retard de 2 jours à Ushuaia. En dehors du fait que tout le monde a été malade comme des chiens, équipage compris, il a fallu gérer le problème du retour. Il fallait trouver plus de 100 places dans les avions pour Buenos Aires, des hôtels sur place, changer tous les vols de retour, bref le cauchemar de toute agence de voyages qui se respecte.
Je suis très fière de moi parce que j’ai résisté au dessert ce midi et me suis contentée d’un bol de soupe et d’une salade niçoise ! Je sens que je vais me venger sur les cookies mais bon jusqu’à 16 h j’aurais été une grande sportive.
En discutant avec un autre coureur, venant de Hollande, j’ai découvert un marathon assez dingue, un de ceux que je ne connaissais pas encore, qui se court en Afrique, au Kenya dans une réserve animalière. Vous arrivez la veille, dormez dans un campement prévu à cette intention et partez courir au milieu des animaux. Le tee shirt imprimé zèbre est digne d’un collector ! Dans le genre original j’ai trouvé mieux que mes coureurs ayant choisi l’Antarctique comme premier marathon : nous avons à bord un homme qui ne savait pas qu’il y avait un marathon. Apparemment l’agence a mis en vente un package genre 8 jours avant le départ à cause d’une annulation de dernière minute. Il a acheté le package sans voir qu’il y avait un marathon prévu au programme. Il l’a découvert le premier soir sur le bateau en parlant avec son coloc !!! Du coup il se demande s’il ne va pas au moins courir le semi marathon mais bon si j’ai bien compris il n’a jamais couru ou alors pas sérieusement.
J’ai enfin pu envoyer un email à ma famille et surtout recevoir une réponse, ce qui est encore plus important pour moi. Je commençais à manquer de nouvelles de l’extérieur, je dois bien l’avouer. Ce qui est bien c’est que maintenant je sais que je vais pouvoir donner des nouvelles après le marathon. Les mails sont payants à l’envoi et à la réception. Quand j’ai expliqué au responsable du service que je voulais envoyer plusieurs pages de textes, il m’a regardé avec des grands yeux ébahis ! « Non mais vous êtes folle !!! Il y en aurait pour une fortune, abandonnez tout de suite l’idée ». Je vais donc continuer à écrire jour après jour avant de pouvoir tout mettre en ligne le jour de mon retour. D’ailleurs écrire je ne suis pas la seule à le faire puisque la plupart des filles présentes ici tiennent leur journal. C’est assez marrant de les voir avec leur petit carnet notant chaque soir leurs impressions. C’est finalement assez rassurant de la part d’un pays souvent mal jugé de voir que l’écriture a une grande importance. Avec mon ordinateur je passe vraiment pour une pétasse ! Je me suis achetée mon petit carnet moi aussi du coup à Buenos Aires mais je dois bien avouer que j’ai presque perdu l’habitude de tenir un crayon…
Nous commençons à voir des oiseaux plus petits, signe que les côtes se rapprochent petit à petit. Je suis impatiente de me lever demain matin et de découvrir les icebergs, ce pourquoi je fais un si long voyage. Nous avons eu des conseils assez rigolos du style : n’oubliez pas que lorsque vous allez monter sur un zodiac et aller sur terre, le voyage va durer au moins 3 h pendant lequel vous ne pourrez pas aller aux toilettes, alors soyez prudente et mollo sur le thé ! C’est là que je me dis que pour le marathon, ce n’est pas la peine de demander s’ils ont prévu quelque chose. En parlant du marathon, Thom m’a raconté une jolie histoire. Lors d’une édition précédente et apparemment cela s’est régulièrement renouvelé, des pingouins se sont tranquillement installés le long du parcours et regardaient sagement passer les coureurs. Bien sur ils ont immortalisé la scène mais n’ont jamais diffusé les images sur le site internet de crainte qu’on les accuse d’avoir attrapé les bestioles pour les poser là exprès !
Nous verrons bien si j’ai le droit à une haie d’honneur de manchots empereurs déchaînés par la vision d’une barbie courant dans la neige… Ah non au fait pas de manchots empereurs ! J’ai découvert hier soir qu’à mon grand désespoir je ne verrais pas de manchots puisque les colonies se situent plus au sud. Il faudra se contenter de pingouins, de phoques et autres oiseaux pas frileux. Il faisait un peu plus de 3° hier soir, soit une température plus clémente que je ne l’espérais mais le vent glacé sera notre pire ennemi je pense.