Je suis dans l’avion en direction de Puerto Montt et je longe la Cordillère des Andes. J’aperçois juste les montagnes qui émergent des nuages et je dois avouer que la vue est magnifique et me ferait presque oublier la durée infinie de ce voyage.
Petit flashback…
Partie le 10 au soir de Papeete, je ne vais arriver que le 12 au matin sur ce nouveau continent que je ne connais pas et que je vais avoir si peu de temps pour le découvrir. Pas facile de quitter le Paradis après 4 jours fabuleux au soleil mais mes coups de soleil vont me dire merci ! Dernier jour passé à Papeete chez Patrick afin de voir un autre côté de cette archipel grand comme l’Europe. En un peu plus de 24 h, j’ai essayé d’en faire un maximum. Donc dans l’ordre ça nous donne : grimpette en haut du belvédère pour voir le soleil se coucher sur la baie de Papeete avec dîner dans un restaurant typiquement tahitien, à savoir un chalet savoyard avec une fondue bourguignonne et un bon vin. Je ne suis pas carnivore mais je peux vous dire que la qualité de la viande était telle que je n’ai perdu aucun morceau dans le poêlon et donc aucun gage du style : « tu redescends en courant jusqu’en bas de la montagne »…
Mardi visite de Papeete et de son fameux marché, passage obligé de tout bon touriste qui veut ramener des produits typiques. Un peu déçue d’avoir autant de voyages derrière avec des séjours dans des pays où il vaut mieux éviter d’importer de la nourriture. Mais j’ai trouvé le collier avec la dent de requin pour Thomas et c’est le principal. Petite visite au musée de la perle, histoire d’être imbattable dans le domaine et tant que j’y suis dans le trip musée direction le musée de Tahiti. Patrick m’avait indiqué qu’il fallait prendre le bus juste derrière le marché, et moi naïve que je suis, je n’ai pas envisagé qu’ils puissent mettre un musée comme ça à l’autre bout de la ville. Eh bien si ! Après une bonne demi-heure de transport en commun, me voilà larguée devant la station service avec comme seule indication : « c’est par là ! ». Vous savez le principal intérêt de Tahiti : on y parle français !!! Les ouvriers d’un chantier vont me confirmer que je suis bien à côte du musée et je vais pouvoir enfin tout savoir de la naissance de cette archipel, des missionnaires et de la fabrication des fameux costumes.
Ce musée vieillot a un charme suranné des choses qui se sont arrêtées mais qui ne veulent pas disparaître. C’est totalement à l’image de la politique de l’île qui agite tout le monde à ce moment là : un refus d’avancer pour ne vivre que dans les souvenirs d’une époque révolue. En tout cas l’avantage c’est qu’il va me permettre de rencontrer 2 françaises en stage à Tahiti pour 4 mois. Nous allons faire connaissance et rentrer ensemble. Je leur raconte ma petite aventure et normalement si tout va bien l’une d’entre elles sera à mes côtés pour la course du petit déjeuner du marathon de Paris. J’adore l’idée de retrouver comme ça des personnes croisées au hasard de mon périple pour finir en beauté au pied de l’Arc de Triomphe.
On redevient un peu sérieux et je rechausse mes baskets pour la première fois depuis le marathon pour aller courir sur la plage avec Patrick. Cela a beau être la fin de journée, il fait encore une chaleur étouffante. Comme en plus les coups de soleil pris sur les cuisses lors de ma balade en bateau sont encore trop douloureux, pas de jupette possible pour éviter les frottements dans la zone douloureuse. J’opte donc pour un ¾ fait pour tout sauf pour courir par cette chaleur mais là pas le choix. Je suis heureuse de voir que je cours toujours et dans l’ensemble la forme est là. Il faut dire que le vin de la veille a facilité largement mon endormissement !!! A la place de la mélatonine pour le décalage horaire, je vous conseille un bon bourgogne… balade dans le sable de la plage pour rejoindre la célèbre PK18. C’est la plage publique de Papeete, lieu de rendez vous le dimanche pour les familles. Petit message personnel pour Eric et Raphaël : vous avez vu les garçons j’ai couru sur la plage pour m’entraîner un peu pour la Trans’aq. Bon franchement après ½ heure à m’enfoncer là dedans en essayant de ne pas tomber, je me demande si j’ai été très raisonnable sur ce coup là… Je la sens mal cette dune du Pilas moi… Enfin pour l’instant je vais déjà essayer de finir ce tour du monde avant de penser à la suite. Petite séance de relaxation dans le lagon pour regarder la nuit tomber, les étoiles apparaître avec une petite Hinano, la bière locale qu’il faut quand même bien que je goûte avant de repartir.
Repartir, repartir, à ce moment là je me demande bien pourquoi je repartirai ! Je suis bien là moi, pas du tour envie d’aller retraverser le Pacifique… Et surtout pas envie d’enfiler une paire de bottes pour repartir vers des températures plus hostiles. Allez il faut se rendre à l’évidence, je ne suis pas d’ici et même si j’ai épluché les petites annonces de la Dépêche de Tahiti, je n’ai rien trouvé qui justifie que je reste. Mais avant de partir petit passage sur le port pour découvrir une spécialité locale : les roulottes. Comme son nom l’indique si bien, le soir sur une petite place du port, des roulottes restaurants servent les clients sur des tables ambiance nappe cirée et verre de cantine. Obsédé du respect de la chaîne du froid passe ton chemin ! On trouve de la cuisine tahitienne, de la cuisine chinoise et tenez vous bien une crêperie ! Bon je ne vais quand même pas avaler une galette de sarrasin avant de quitter Tahiti et j’opte pour le célèbre poisson cru au lait de coco que décidément j’adore.
Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin et il faut aller à l’aéroport. L’enregistrement des bagages se fait à un rythme tahitien et je finis vraiment par m’inquiéter. J’ai un changement à Los Angeles qui ne me permet pas de retard de vol trop important et si je rate ma correspondance c’est tout le reste qui part en vrille. Patrick qui m’accompagne est là pour m’aider et je négocie : une super place tout devant pour pouvoir sortir le plus vite possible de l’avion pour être dans les premières à pouvoir présenter mon passeport et la fameuse feuille verte et une étiquette « prioritaire » pour que mon bagage soit également dans les premiers sur le tapis. Tout semble se dérouler pour le mieux puisque l’hôtesse me propose même d’enregistrer mon fameux sac jusqu’à ma destination finale. Comme ça à Los Angeles, j’ai juste à le prendre, passer la douane et le jeter sur les tapis juste derrière pour qu’il parte directement à Santiago du Chili ma prochaine étape. L’étiquette est collée et là Patrick va me sauver la vie une première fois : il a le réflexe que j’aurais dorénavant de regarder l’étiquette. Il me dit alors : « tu passes par Salt Lake City, tu es sure ? ». Bon mon voyage est long mais je ne me souviens pas de cette escale supplémentaire. Question à l’hôtesse qui dit à ce moment là : « oh non désolée, j’ai inversé 2 lettres dans le code ». J’aurais été bien moi avec ma valise à Salt Lake City et moi à Santiago ! Tout semble rentrer dans l’ordre et il faut déjà aller embarquer. Patrick me sauve la vie une 2° fois en me rappelant que si je veux que mes cartes postales soient bien envoyées de Tahiti, la dernière boite aux lettres est là, et je pars enfin avec mon collier de coquillage autour du cou. J’ai enfin compris cette tradition tahitienne : quand tu arrives tu as un collier de fleurs et quand tu pars un collier de coquillage qui lui pourra se conserver. J’ai eu le droit à plusieurs exemplaires à l’hôtel et avec celui de Patrick je ressemble à Barracuda dans l’Agence tout risque mais ce n’est pas grave. Je vais d’ailleurs les garder autour du cou jusqu’à Santiago et je compte bien lancer la mode dans l’Allier. Après tout il parait qu’il faut porter pleins de sautoirs autour du cou, je serai donc top tendance !
Me revoilà dans l’avion, ma nouvelle maison. Dieu que le départ est difficile. J’ai vraiment eu l’impression d’être en dehors du temps pendant ce séjour. Tout a été parfait du début à la fin et je sais que comme le disaient toutes les personnes que j’ai croisées à mon hôtel, je reviendrai à Tahiti avant de mourir. Venant de personnes ayant fait le tour du monde, je dois avouer que maintenant je comprends.
Comme je vous l’ai déjà dit j’ai une place tout devant avec de quoi étaler mes grandes jambes. Je vais d’ailleurs réussir à dormir pour une fois. Ce n’est pas terrible mais ce sont toujours quelques heures de plus ou moins gagnées. Maintenant je n’hésite plus : masque et boules quies sont de rigueur. J’ai dîné avant, je peux donc m’endormir rapidement. Le stress de l’arrivée à Los Angeles va me réveiller un bon coup. Pourtant il n’y avait aucune raison de s’inquiéter puisque tout s’est très bien passé. J’ai eu mon vol pour Santiago et j’ai même eu le temps de me racheter une bouteille d’eau pour limiter les dégâts de la déshydratation en avion. L’espèce de snob que je suis était un peu inquiète des conditions de vol sur une compagnie chilienne et bien j’avais tort. Non seulement l’avion est aux couleurs de courir au féminin mais tout est neuf et superbe. J’ai le droit à un joli petit écran avec une superbe télécommande et pléthore de films. Comme ils ont vraiment bien fait les choses je vais même pouvoir regarder des films en français et j’ai enfin pu voir le dernier Woody Allen ! Il faut que je regarde la télé puisque là je ne dois pas dormir. C’est le jour pour mon organisme et je dois tenir. Le vol se déroule sans encombre et même pas une petite turbulence ne viendra perturber ma séance de ciné. Escale à Lima. Presque tout le monde descend et nous ne sommes plus qu’une dizaine qui profitons de l’avion vide pour faire des étirements et essayer de faire repartir notre circulation sanguine. J’en profite même pour aller prendre l’air à l’arrière de l’avion alors que les équipes de ménages s’activent dans les rangées. 45 minutes plus tard, nous décollons pour Santiago du Chili : un peu plus de 3 heures de vol. Je m’arrange avec l’hôtesse pour qu’elle me trouve 2 fauteuils libres dans l’avion afin de faire ma nuit. Je n’aurais pas plus de toute façon si je veux suivre le décalage horaire. Je vais réussir à dormir profondément 2h et c’est toute fringante que j’arrive enfin au Chili.
Et c’est reparti pour un nouveau contrôle des passeports, un passage à la douane, une récupération des bagages le tout suivi d’un sprint pour aller enregistrer sur mon dernier vol de mon périple : celui pour Puerto Montt. J’arrive devant le comptoir et là stupeur : il y a foule. Mais je n’ai que 30 min maximum moi… J’ai beau pleuré avec mon espagnol de lycée, le contrôleur ne veut rien savoir. Il me rassure : ne vous inquiétez pas, ça va le faire ! Il doit connaître courir au féminin celui-là. Je dois avouer que je suis sidérée de la vitesse à laquelle la foule va déposer ses bagages et rejoindre ses avions. En tout cas pour moi ça a marché et c’est à l’heure que j’arrive à l’embarquement. Comble de la joie, j’arrive même à capter internet et je peux rassurer la petite famille : Maman va bien ! Ce dernier vol est très rapide et me permet surtout d’admirer la Cordillère des Andes tout en vous écrivant. Il faut reconnaître que c’est splendide. J’arrive enfin après 2 jours de voyage (je suis partie mardi de Tahiti et nous sommes jeudi matin) à Puerto Montt où en 10 min à peine je suis descendue de l’avion et après avoir récupéré tous mes sacs (alléluia !) je saute dans un taxi direction le centre ville et surtout une douche amplement méritée.
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