Disneyworld, le Goofy Challenge
Etais-je vraiment obligée de commencer par un semi suivi d'un marathon ??? Franchement je me demande parfois si je suis bien raisonnable...Et voilà c’est parti ! Le côté familial de ce premier marathon a bien sur changé la donne. Je n’ai pas l’impression d’être vraiment rentré dedans. Les 2 courses étaient un peu perdues au milieu de ce séjour parfait avec les enfants. Cela d’ailleurs va expliquer pas mal de choses dont une fin quelque peu laborieuse lors du marathon…
Mais revenons-en à la course. Retrait des dossards vendredi matin : notre GPS serbo-croate nous a emmené directement à Disney word sport où est organisé le marathon expo. Si je dis ça c’est que nous pouvions sélectionner la langue de Cunégonde et sa façon de nous dire : « dans 0,2 miles tournez à droiteeux… » et son maintenant célèbre "faites immédiatement demi-tour" nous amusait beaucoup. Des bus entiers déversent des coureurs venus de tous les hôtels des parcs, les parkings se remplissent à la vitesse de la lumière, pas de doute il va y avoir du sport. Très vite on peut faire la différence : il y a les coureurs pour le semi et les coureurs plus aguerris qui se retrouvent invariablement au retrait du goofy challenge. Tout est vraiment bien pensé puisqu’ils ont même prévu des ordis avec imprimante pour ceux qui auraient oublié leur bon de retrait envoyé par mail quelques semaines auparavant. J’ai donc mes 2 dossards, mes 2 puces et un petit bracelet que je devrai présenter le lendemain à la fin du semi, que j’échangerai alors contre un 2° bracelet qui lui servira à retirer la fameuse médaille du Goofy (c’est bon là tout le monde a suivi ???). Direction ensuite le marathon expo où nous attendent les tee-shirts. C’est l’Amérique quand même et il ne s’agirait pas de passer à côté du shopping. Je passe saluer les responsables du stand Spira qui ont eu connaissance de ma balade par leur responsable français. Ce sont les sponsors de la course et pour la petite histoire les sponsors du père et son fils handicapé dont la vidéo nous a tant marqué. Ils sont adorables avec moi et je repars avec sous le bras une paire de chaussures pour pronatrice que nous ne pouvons hélas pas encore trouver en France. Il nous faut rentrer d’abord parce que nous devons rendre la voiture et surtout parce que nous avons Epcot à faire ! Profitons d’ailleurs de ce petit aparté pour parler des parcs justement. Il faut reconnaître que Mickey a vraiment mais alors vraiment bien fait les choses.
Qu’on soit fan ou pas, la magie opère. Je ne sais pas comment ils se débrouillent mais malgré la foule présente tout se passe bien. Nous enchainons les attractions sans grand souci et sur chaque parc il y en a pour tous les goûts ce qui est parfait pour notre famille qui va de 3 à 16 ans. La végétation est luxuriante, l’illusion est quelque fois saisissante. Bien sur dans Epcot la représentation de la France est quelque peu caricaturale mais le Japon est fascinant. Le concert de tambours à côté d’un jardin traditionnel restera un grand moment pour moi. Cela ne fait que me conforter dans l’idée que je vais adorer aller voir ce pays. J’ai lu dans l’avion un article sur « Mickey vu par un psy ». C’est un peu le pays de Candy, on y pleure, on rit, il y a des méchants et des gentils… Les adultes ont l’air aussi ravi que leurs enfants et je pense que si Disney lançait la robe de princesse taille adulte il aurait un succès ! Il règne une telle atmosphère de confiance que tout le monde laisse ses affaires dans les poussettes. Nous avions au début le reflexe français, à savoir embarquer tous nos sacs et laisser une poussette vide à l’entrée des attractions. Mais nous étions bien les seuls… Les gens laissent leurs achats, leurs sacs en toute confiance. Ce que nous allons d’ailleurs finir par faire nous aussi sans problème il faut bien le noter.
Allez ce n’est pas tout ça mais il faut courir ! Je prépare mes petites affaires le soir pour pouvoir partir le plus discrètement possible et programme mon portable à 3h45 du matin… gloups…Déjà le stress monte : « et mon réveil ? il va marcher mon réveil ? ». Je ne sais pas vous mais moi j’ai toujours la trouille qu’il ne marche pas uniquement quand il doit sonner à des heures indues. Jamais je ne me pose de questions quand je le programme à 8h du mat. Je manque quelque peu d’organisation puisque je n’ai pas prévu de mode de transport pour le matin et mon rendez vous avec Olivier et Georges des amis de Courir le monde est quelque peu vague, genre « avant la course devant les consignes ». La concierge de l’hôtel m’avait indiqué qu’il y a toujours plein de monde dans le hall le matin des courses et que prendre un taxi en groupe ne pose aucun problème. Je me retrouve donc à 4h du matin en bas à la recherche d’une âme charitable pour m’emmener. Je passe d’abord par le starbuck histoire de prendre un grand thé qui fera passer le gatosport amené de France. Je lance un petit appel à la caisse mais les personnes autour de moi ont réservé un taxi pour 6 et ils sont complets. Je repars vers dans le hall et je sors pour me trouver un taxi pour moi toute seule quand soudain la fenêtre d’une voiture s’ouvre. Une charmante jeune femme m’appelle, elle m’a entendu et propose de m’emmener. Elle n’est pas belle la solidarité !!! Comme en plus la musique est bonne je monte avec plaisir. Nous voilà parties toutes les 2 à papoter comme je peux avec mon anglais un peu limite parfois. Elle est adorable et va participer à sa première course. Eh oui un semi tout de suite, la Audrey américaine ! Ce qui est un peu plus surprenant pour moi ce sont ses motivations. Elle souhaite travailler chez Disney et cette participation sera un plus pour son CV. Elle est un peu paniquée à l’idée de courir un peu plus de 13 miles alors je la rassure en lui parlant de mon expérience. Je lui vends la méthode cyrano et elle me dit que si je peux le faire avec 4 enfants, elle va y arriver elle qui n’en n’a qu’un seul ! Nous arrivons au parking et je la quitte d’un « yes you can ! » qui l’a fait rire. Oh la mais c’est qu’il y a du monde… Nous serons 12434 finishers ce qui est plutôt pas mal mais le chiffre à retenir est celui là : 7181. Pourquoi ce chiffre ? C’est le nombre de femmes qui vont finir ce semi, sachant qu’il n’y a que 5253 hommes, cela prend toute son importance. C’est une des principales raisons qui m’a fait choisir cette course parmi toutes celles des US : plus de femmes que d’hommes, comme ça naturellement et un quasi 50 – 50 sur marathon, ça mérite d’aller voir ça non ?
Maintenant 2 questions m’agitent : - comment je vais faire pour retrouver quelqu’un au milieu de cette foule ? - pourquoi ils ont tous le sac transparent distribué hier avec les tee-shirts ? Pour la première la réponse va venir très vite puisque cela ne fait pas 2 min que je cherche que je tombe sur Olivier et Georges déjà sur place. Je sais que cela peut paraître idiot mais ça fait du bien de retrouver des visages amis à l’autre bout du monde. Une petite photo souvenir et nous nous séparons déjà. Georges court pour une charity et va accompagner des malades. C’est donc un tout autre type de course qu’il s’apprête à faire, sachant qu’il sera là bien sur le lendemain pour le marathon. Je lui en tire d’autant plus mon chapeau. Direction les consignes donc où je dois bien me rendre à l’évidence : j’aurais peut être du lire la brochure qui accompagnait les dossards… Si tout le monde a un sac transparent, le même, celui distribué la veille c’est pour une raison toute simple : ils l’ont exigé pour une question de sécurité. Alors bien sur moi mon grand cabas en tissu épais avec ou non la tête de Mickey dessus, ils n’en veulent pas… 2 min de négociation plus tard nous trouvons un accord : je vide mon sac devant eux pour prouver que je ne laisse pas de bombe et ils le prennent. Il est clair que mon statut de française parlant anglais comme une vache espagnole m’a très sérieusement aidé sur ce coup là. Direction la zone de départ après un traditionnel arrêt pipi facilité par la quantité phénoménale de toilettes présentes sur les lieux. Je trouve l’ambiance très calme, voir concentrée avec finalement très peu de personnes déguisées. Je m’attendais à plus de Blanche neige et autres oreilles de Mickey. Bon j’ai quand même vu Flora, Pimprenelle et Paquerette, les célèbres fées de la Belle au bois Dormant. Tout d’un coup j’entends l’hymne américain et qui dit hymne dit départ imminent alors que nous ne sommes pas dans les SAS de départ. C’est donc parti pour un petit échauffement à fond les ballons et nous arrivons sur le fil pour entendre le décompte. Je vais partir tellement vite que je vais bien sur oublier de démarrer mon chrono…Mais bon je compte m’en remettre comme d’habitude à Olivier et ne pas me poser de questions.
Nous voilà donc partis pour notre première course du we. Les conditions sont idéales pour l’instant. Il fait frais mais sans plus, je suis plutôt en forme ou du moins j’en ai encore l’illusion et je suis contente de courir. Je ne vais pas vous raconter tous les miles parce que franchement cela manquerait sérieusement d’intérêt mais je peux vous avouer une chose : j’ai été déçu par cette première course. Pas par l’organisation très au point mais par le parcours. Comme Olivier a eu le même ressenti je me dis que je peux en parler. Les passages dans les parcs sont très brefs et même si je vais faire ma photo avec Cendrillon et son Prince j’aurais aimé en avoir plus tout de suite. Il faut noter que tout est prévu et organisé. Si vous courez tout seul, pas de souci, Mickey a pensé à tout. Une personne dédiée à prendre des photos avec votre appareil vous attend à chaque fois. Il y a finalement très peu de personnes qui s’arrêtent, sans doute du au fait que les gens qui sont autour de nous sont vraiment là pour courir. Mais moi qui m’attendais à faire la queue en zig zag je suis ravie puisque je vais pouvoir faire toutes les photos que je veux. Question course, c’est un peu perturbant bien sur. On s’arrête, on redémarre, on s’arrête, on redémarre, du cyrano quoi… Comme je n’ai pas de chrono je fais entièrement confiance à Olivier qui donne le rythme. Nous avons nos habitudes maintenant. Je ne cours jamais avec lui mais derrière lui à 2 mètres environ. Avec sa tenue skin nous ne passons pas inaperçu il faut dire ! La mode aux US est plutôt au flottant, pas au moulant, alors encore moins au compressif. Les miles passent et pour le semi ils passent vite il faut bien le reconnaître. La fin est déjà là et les difficultés aussi. Enfin façon de parler… il y a des ponts à passer et qui dit pont dit montée. Je peine un peu, il fait déjà chaud (et il n’est qu’à peine 8h du matin…) et il faut avouer que les jours précédents avec les kms parcourus à pied n’arrangent surement rien. Alors que je me plains en disant : « oh là ça grimpe… » J’entends un « Pour quelqu’un qui a fait le Mont Blanc t’abuse non ? ». Oh ça va, d’accord j’avance… Nous passons la ligne en 1h53, ce qui compte tenu de nos arrêts est un sacré temps pour moi. Je récupère ma médaille en tête de Donald, ma couverture de survie. En quelques minutes nous sommes sortis de la zone pour les coureurs. Il faut dire qu’à la consigne mon sac était facilement repérable !!! J’ai aussi mon petit bracelet sésame pour le goofy du lendemain, bref tout roule.
Il faut rentrer déjà pour replonger dans l’univers familial parce que ce n’est pas tout ça mais les enfants m’attendent pour aller visiter Animals Kingdom ! Petite déception due à la magie de l’informatique : ils connaissent déjà mon temps donné quasi en temps réel sur le site de l’organisation. Je suis 1166° sur 12434. C’est merveilleux et frustrant à la fois. Je suis arrivée toute fière et j’ai entendu : « ouais ouais on sait déjà, on t’attend Maman pour le petit déj. ». Allez direction le monde merveilleux de l’Afrique, du Tibet et de l’Inde avec les enfants. Il faut reconnaître que le safari est une pure merveille. Tout est un savant mixte de ludique, éducatif et fort en émotions pour ceux qui aiment se jeter dans le vide par exemple. Le système de fast past permet de réserver sa place à une heure précise et il n’y a ainsi pas plus de 5 min d’attente ce qui est formidable avec un petit de 3 ans. Quand les grands font les fous, je reste avec Paul et nous profitons de ces moments pour le stand maquillage, les toboggans… C’est là d’ailleurs que je vais retrouver pas mal de coureurs venus se planquer en prévision du lendemain. Parce qu’il y a un lendemain ! Je passe sur le régime alimentaire suivi pendant ces 2 jours parce que j’ai peur que Kécily fasse une attaque mais disons pour faire court que j’ai plutôt privilégié les sucres rapides que les sucres lents… A défaut d’une pasta party, nous allons faire une riz sauté party au restaurant japonais de l’hôtel. « sauté » dans les 2 sens du terme d’ailleurs puisqu’il s’agit d’un restaurant à plaques chauffantes où un cuisinier joue des couteaux devant nous. Dimanche matin : réveil à 3h45… Quoi ? Déjà ? Mais je viens de me coucher !!! Franchement là je me demande si tout cela était bien raisonnable. J’ai bien tenté un « oh là là c’est dur d’enchainer les 2 courses » mais Ken m’a juste répondu « t’étais pas obligé non plus… ». Certes il n’a pas tort mais venir si loin et ne pas tenter le Goofy c’était dommage non ?
Retour dans le hall de l’hôtel pour chercher des compagnons de route et ce matin là je vais rencontrer un jeune couple un peu dans notre style, les 4 enfants en moins… Elle court, lui porte le sac ! Et tout de suite j’ai senti qu’elle courait bien. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais j’ai ressenti que je n’avais pas à faire à une coureuse du dimanche. Elle me le confirme : en moyenne 3h sur marathon mais là en raison du Goofy elle vise plutôt 3h15… Un ange passe… Je leur raconte ma petite aventure et cela les amuse au plus haut point. Je rejoins la zone des consignes, là où j’ai donné rendez vous à Olivier et il faut se rendre à l’évidence, l’ambiance n’a plus rien à voir. Autant hier tout semblait calme, serein, autant là l’ambiance est électrique. Les coureurs ont l’air surexcités à l’idée de courir un marathon, on crie, on s’encourage, certains nous font un hakka en groupe… Je me demande juste ce qu’ils ont pris et je veux la même chose !!! Je suis également surprise parce que tout le monde part vers la zone de départ alors qu’il n’est que 5h à peine. Je finis par me demander si l’heure n’a pas été avancée pour éviter les grosses chaleurs qui s’annoncent. En plus je ne trouve pas Olivier et franchement l’idée de partir sur cette course toute seule ne me réjouis pas une seule seconde. Alors qu’il y a moins de coureurs que la veille, on a pourtant l’impression d’une foule compacte qui envahit tout l’espace. Je trouve un petit coin pour préparer mes pieds (je suis d’ailleurs la seule à faire ça) tout en regardant au loin si je n’aperçois pas la fameuse tenue skin. Tiens en parlant de tenues, là aussi il y a un changement. On voit des chaussettes de compression, des tenues de marathoniens, des ceintures, bref tout indique qu’aujourd’hui ça va vraiment courir. Alors que je désespérais et que je partais toute seule rejoindre mon sas de départ, Olivier apparaît un peu tel le messie pour moi ! Nous partons ensemble et là encore grand changement. Autant la veille tout le monde faisait la queue bien sagement pour faire pipi autant là c’est un peu plus l’anarchie. Les filles super organisées ont gardé les couvertures de survie et font des cabines improvisées, on se planque derrière les arbres ou on ne se planque pas du tout d’ailleurs. Bref la pudibonderie américaine a volé en éclat pour un peu plus de 23 miles ! Cette fois-ci nous sommes en temps et en heures pour l’hymne américain et je ne vais pas le regretter. Un silence assourdissant se fait pour écouter une chanteuse à la voix superbe il faut bien le reconnaître. Autant celui de NY m’était totalement passé au dessus de la tête en raison du bruit ambiant (trop d’étrangers qui ne respectent pas le silence), autant là j’en ai encore des frissons rien que d’y penser. Ce silence parfait, ces coureurs la main sur le cœur, fiers d’être là, émus pour beaucoup, me transmettent tout ça. J’en aurais presque les larmes aux yeux. Il faut déjà partir alors que j’aurais presque eu envie de crier « encore » histoire de revivre ce moment là. Le feu d’artifice est tiré, les confettis sont lâchés et le chrono enclenché (je progresse moi…), nous voilà repartis. Est-ce que je suis sereine ? Que les choses soient claires entre nous, non… J’ai peur parce que je n’ai pas fait ce qu’il fallait la veille : j’ai marché, sauté les étirements et ma récup d’entre 2 courses se résume à 2 min les jambes sous l’eau froide et un massage des jambes avec de l’huile à l’arnica. Un peu léger tout ça… Pour ne rien arranger je suis bien sur dans mes mauvais jours et même mieux dans le pire jour de mon cycle (autant être franche et dire les choses comme elles sont non ?). Je sais que je pars avec un handicap sévère.
Et ça ne va pas louper… Au 14° miles, le mur, que dis-je la muraille de Chine ! J’ai des jambes comme des bâtons, genre les quais de Saône à la fin de la Saintelyon c’est dire. Au lieu de rester calme et de laisser couler, je panique. Ces sensations je ne les connais qu’en fin de course, pas au milieu et je ne suis pas habituée. J’ai très peur pour la fin du marathon qui est encore loin. Au 15° miles croyez le ou pas (mais j’ai un témoin !), nous passons à côté de baffles qui diffusent de la musique pour nous encourager et démarre à fond « I’m a Barbie Girl » ! Nous éclatons de rire tous les 2, si ce n’est pas un signe ça… Le long de la route ils ont disposé des petits panneaux. Il me faudra plusieurs minutes avant de réaliser qu’en fait il y a des petites phrases, des aphorismes ou autres rigolades destinés à tenir notre esprit en alerte. Nous pouvons lire entre autre des phrases telles que : « une conscience éclairée est souvent synonyme d’une mauvaise mémoire » ou « pourquoi désinfecter l’aiguille de l’injection létale ? » (je vous jure que c’est vrai !)… J’en passe et des meilleures. Nos passages dans les parcs sont de vraies bouffées d’oxygène pour moi qui ne vais pas bien. Nous prenons des photos, nous ralentissons par la force des choses. Le soleil se lève sur Magic Kingdom et les lumières sont fabuleuses. Les ravitaillements sont là également, nombreux, presque trop en fait parce qu’ils me font perdre mes repaires. Je sais que c’est idiot de dire ça parce que vu la chaleur qui règne, je suis sacrément contente de pouvoir boire mais j’ai tellement l’habitude de mes ravitos tous les 5 kms que j’ai l’impression de ne pas avancer. Comme cela se fait là bas, ils distribuent des gels et pour vous donner une idée de l’organisation, un bénévole est là avec une paire de ciseaux pour les plus fatigués. Les stands médicaux aussi sont efficaces : vaseline pour les frottements et « biofreez » sont distribués très rapidement. Je vais d’ailleurs testé ce dernier avec bonheur.
Miles après miles, j’avance. J’ai l’impression de faire du sur place mais le 20° est là et le 21° encore plus vite. Cette sensation ne va pas durer hélas et je ralentis encore. Nous arrivons enfin dans une zone qui est de toute beauté. Ils ont reconstitué une station balnéaire américaine typique avec une plage de sable blanc le long d’un étang. Les transats me tendent les bras ! Le public est là et le fait savoir. Il n’y a pas à dire, question ambiance les américains savent y faire. Ça crie, ça sonne, ça agite des cloches, tout est là pour vous réveiller. Les 2 derniers miles vont être longs, trop longs d’ailleurs mais je sais que c’est la fin. J’ai lâché Olivier qui est parti devant pour pouvoir prendre une photo de mon arrivée. Je suis heureuse que ce soit fini pour être très honnête avec vous. La foule est là et me rappelle NY. J’en profite pour encourager ceux qui sont plus à la peine que moi. J’aperçois enfin le panneau « finish » et je passe l’arrivée soulagée ! Olivier est bien là avec mon appareil photo pour immortaliser le moment. Je m’amuse parce qu’il m’avait dit quelques miles auparavant : « on est sur du 4h07… ». Et j’ai mis 4h08 ! Pas mal la prévision ! On récupère notre première médaille de la journée impatients il faut bien le dire d’aller chercher la 2°, celle durement méritée, enfin je parle pour moi parce qu’Olivier a l’air frais comme un gardon. Le bonheur est à son comble quand j’aperçois des montagnes de canettes de coca… le gentil bénévole me propose light ou pas. Non mais franchement je viens de courir un marathon et un semi la veille, tu m’étonnes que je vais prendre un vrai de vrai avec du sucre s’il vous plait. Les médailles sont enfin à notre cou et nous marchons légèrement inclinés vers l’avant tellement elles sont lourdes ! Ce sont de vrais morceaux d’anthologie à elles seules.
Les familles sont là, avec des ballons, des bouquets de fleurs pour accueillir les héros du jour. C’est ce que j’aime là bas. Les gens sont démonstratifs. Je pars chercher un taxi et plusieurs fois on va m’arrêter pour me féliciter. Je vais faire le chemin avec des « congratulations » pendant tout le trajet. Je sais que cela a un côté un peu ridicule pour beaucoup mais je vais garder ma médaille autour de mon cou jusqu’à l’aéroport. Nous sommes pleins dans la même situation et c’est un peu notre signe de ralliement. Immédiatement nous parlons, nous nous félicitons. Et puis je ne connais personne alors je peux en profiter pour faire ma kéké non ???
Et voilà un premier marathon sur les 7 qui m’attendent. Celui là était vraiment particulier puisqu’il était un peu perdu dans des vacances en famille. Les suivants vont être différents je le sais déjà puisqu’ils se feront juste entre coureurs. Rendez vous est pris pour Marrakech dans 10 jours à peine… Mon dieu 10 jours seulement !!! Je tiens à remercier Olivier pour m’avoir supporté pendant ce marathon. Sans sa présence à mes côtés je n’aurais pas vécu cette course de la même façon. Il a su trouver les mots à des moments où je n’allais pas bien. Le rôle d’accompagnateur n’est pas facile à jouer, j’en sais quelque chose puisque je l’ai fait très récemment. Il faut savoir être présent sans être pesant. Pour le coureur qui va mal, voir l’autre en pleine forme n’est pas facile mais c’est le jeu. Sur presque tous les marathons que je vais courir, je sais que j’aurai un visage connu, ami et je dois bien reconnaître qu’après l’expérience de dimanche je suis soulagée de savoir ça.