Et voilà c’est parti ! Le bateau a quitté le port depuis 1h30 et nous avons déjà mangé une fois et enfiler notre gilet de sauvetage une fois… Notre groupe a d’ailleurs été le plus rapide pour la procédure d’évacuation. Je vous le dis, je le sens bien ce marathon ! Nous avons passé notre dernière journée sur terre à Ushuaia, enfin journée c’est vite dit puisque je n’ai eu qu’une heure pour faire un petit tour mais je vous rassure j’ai trouvé le moyen de manger une grosse glace avant de partir, on ne sait jamais ce qui peut se passer.
Je faisais partie du dernier groupe à avoir quitté Buenos Aires, avantage puisque j’ai pu tranquillement prendre mon petit déjeuner, envoyer mes derniers emails avant de partir vers l’inconnu mais inconvénient puisque mon séjour à Ushuaia s’est réduit à sa plus simple expression. Il me fallait faire vite parce que j’avais promis un pull bleu avec des pingouins dessus pour mon petit dernier et je devais trouver 3 bouteilles d’eau pour les ravitaillements du marathon. Ne me demandais pas pourquoi, de vous à moi je n’ai pas encore vraiment compris le système. Même les explications en français fournies par Philippe Paillaud n’y ont pas suffit. On verra bien le jour J…
Ushuaia n’est donc pas comme ma mère le pensait une invention des publicitaires pour vendre des gels douches mais bien la ville la plus australe du monde. A droite l’océan Atlantique, à gauche le Pacifique ! Je m’attendais à un pingouin disney mais il faut bien avouer que cette ville a quelque chose de particulier. On sent le côté extrême de la nature. Pour bien faire les choses en plus, il a neigé la veille et les sommets nous entourant sont juste blanchis comme il faut pour faire de jolies photos. Bien sur cette ville vit du tourisme maintenant et le Ushuaia d’aujourd’hui n’est sûrement le Ushuaia d’hier mais je regrette vraiment de n’avoir pas eu plus de temps.
Nous avons rejoint le bateau à 17h pour un départ prévu à 18h. Un peu d’appréhension pour moi de découvrir où je vais vivre pendant 10 jours et qui va partager ma couchette somme toute assez sommaire… En effet nous avons appris à notre grand désespoir Lisa et moi-même que nous ne partagerions pas la même chambre sur le bateau. Impossible de faire un échange puisque nous ne sommes pas dans la même catégorie. Et pour être tout à fait honnête nous avons senti que cela ne faisait pas vraiment partie des habitudes de la maison de changer comme ça d’organisation. Cela fait partie de l’aventure pour moi et c’est presque assez effrayant que de courir un marathon sur la neige. Depuis mes années passées en pension de jeunes filles sérieuses et bien pensantes je suis devenue quelque peu associale dirons nous… La vie en collectivité n’est vraiment plus ma tasse de thé. Prendre tous mes repas en groupe, partager ma chambre avec une inconnue pour 10 jours et encore plus ma minuscule salle de bain : ça c’est l’aventure !
Le hasard encore une fois va faire que la jeune femme en question est la seule que je connaisse un tout petit peu. Ah oui il y a quelque chose que j’ai oublié de vous dire et qui m’a immédiatement surprise, ainsi que Patrick d’ailleurs qui m’en parlait encore au dîner : le nombre de femmes. A vue de nez la parité est respectée et pas parce qu’il y a 50 hommes accompagnées de leurs épouses dévouées et soumises prêtes à tous les sacrifices dont celui de monter sur un bateau et passer 10 jours à vomir, non parce qu’il y a beaucoup de femmes seules. Elles sont de tous les âges, de tous les horizons mais elles sont là et comptent bien se faire entendre ! Et croyez moi une vingtaine d’américaines déchaînées avec des voix de poissonnières dignes des histoires d’Astérix ça fait du bruit ! Je viens d’être interrompue par le téléphone : la médecin du bord me proposait des médicaments contre le mal de mer ! Je vous dis ils sont aux petits soins pour nous.
Autre surprise : la qualité de la nourriture et l’abondance bien sur mais ça vous vous en doutiez puisque nous avons affaire à des américains. Dès l’arrivée sur le bateau nous nous sommes vus offrir une petite coupe de champagne avec un buffet copieusement garni où j’ai trouvé du saumon mariné à tomber par terre. Il faut dire que le personnel en cuisine est russe. Et pour m’achever une tournée de cookies tout chauds a atterri dans mon assiette sans que je sache comment ! Je m’attendais à un buffet pour les repas mais nous avons le droit à un service à table avec choix des plats : viande ou poisson. Bon le plus gros problème avec ça c’est que je ne suis pas malade un petit peu je vais finir obèse moi !!! Lisa m’a trouvé une petite salle de gym avec un tapis de course au sous sol mais figurez vous que j’ai oublié ma jolie tenue dans le placard de ma chambre d’hôtel à Buenos Aires. C’est une tenue d’été donc pas de souci pour le marathon mais pour les entraînements dans une salle sans fenêtre juste à côté de la salle des machines j’aurai bien aimé un peu de légèreté. Je vais voir si je peux trouver quelque chose pour aller me défouler un peu. Si Lisa n’avait pas été aussi douée pour le tapis j’envisageais de courir dehors de toute façon… Elle a très gentiment regardé ma cheville d’ailleurs ce soir. Elle m’a rassuré, pour elle ce n’est pas trop grave mais elle s’en occupera après la course pour que je sois d’aplomb pour Tokyo. C’est cool quand même d’avoir sa propre ostéo avec soi !
Le GO nous a prévenu : profitez de votre dernière nuit tranquille parce que demain ça va être « rock and roll » !!! Je vais donc aller me coucher avec un bon livre puisque oh miracle de ce type de voyage, j’ai enfin le temps de lire.
Je vous parlerai demain des coureurs qui sont venus jouer avec moi !